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Est intime ce qui sort de moi

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cc      PaternitéPartage selon les Conditions Initiales Certains droits réservés par tangi_bertin  - http://www.flickr.com/photos/tangi_bertin/4251882865/

cc Tangui Bertin – http://www.flickr.com/photos/tangi_bertin/4251882865/

Je m’intéresse à l’intimité car j’ai l’intuition que c’est une valeur? plus féconde que le débat entre vie privé et vie publique.

J’ai commencé par travailler la définition de ce qu’est l’intimité avec le CNRTL. ce qui suit est largement de l’ordre de l’intuition et une tentative pour passer du flow vers le social ce que je crois savoir du sujet.

Parler d’intimité, c’est parler de ce qui sort de soi, ce que je mets à jour dans l’espace intime. Cet espace intime sera l’objet d’un autre article en écho au numérique comme espace architectural. Ici, revenons sur ce qui sort de soi et peut être aussi ce qui y entre.

Ce qui sort de soi, c’est d’abord toute la machinerie du corps humain et notre éducation a rejeté depuis longtemps (depuis le Moyen-âge, je pense) cette expulsion du corps dans le domaine du caché. Cela a donné la construction de lieu de l’intime dans la maison. C’est à dire des lieux qui ne sont prévus que pour quelques uns, nos intimes, selon une échelle du partage de l’intime qui part du salon, passe par la cuisine, la chambre et finit dans les toilettes. Ces espaces accompagnent le passage du multiple vers le un.

Est intime également le flow de la conscience, l’ensemble de mes représentations qui se joue en moi, dans mon intérieur, mon intimité. J’emploie le terme de flow par analogie avec le terme de flux et celui de flot qui renvoie à l’indistinct fluide qui s’écoule – comme s’écoule les humeurs du corps. Il renvoie aussi à un concept découvert avec Jean Heutte, il y a longtemps. Exprimer ce flow, ce sentiment c’est le mettre en forme et l’extérioriser par la parole. Connaître serait alors mettre en forme de l’intime, l’externaliser, le donner à voir dans le corps social. Il s’agirait alors de passer d’un corps individuel à un corps social.

Nous sommes donc dans un curseur entre ce qui est intime/intérieur à moi/mon corps et ce qui est extérieur à moi/mon autre corps social/ ce qui est l’interrelation avec l’autre/les autres. Dire revient donc à extérioriser le flow. Et ce dire peut prendre plusieurs formes avant d’avoir la forme canonique et figé du Savoir.  Ce stade ultime du Savoir complètement objectivé se retrouve dans l’encyclopédie comme étant quelque chose de complètement social et de totalement dés-intimé.Passer de l’intérieur vers l’extérieur revient donc à passer de l’intérieur du sujet vers l’extérieur de l’objet.

Avant d’en arriver là, on aura vécu tous les stades de la mise en forme du flow, les étapes de constitution du texte (premiers jets, brainstorming, brouillons, étapes de constitution du texte…). Dire et Ecrire revient donc à sortir de l’intimité ce qui est de l’ordre du flow intérieur pour en faire une forme sociale acceptable. L’intime est-il un stade entre le sujet et la mise en objet ?

Reste à savoir comment est constitué le flow. S’il y a une sortie du corps, il y a aussi une entrée et c’est là le rôle des sens. Avec la vue j’enregistre ce qui est dans mon espace (architecture), dans mon contexte (espace-temps de l’action du sujet), dans la situation dans laquelle je suis (l’inter-relation avec l’autre/les autres), dans mon environnement (espace+contexte+situations). C’est aujourd’hui le sens principal que nous utilisons et je pense que c’est aussi une construction séculaire. Que serions nous si le gout ou l’ouie était devenu les sens principaux de l’entrée de l’information dans notre corps ? Que va changer le passage du texte abstrait vers l’image construite ?

Si l’entrée de l’information est de l’ordre des sens, il a fallu construire des outils pour permettre l’extériorisation du flow : la parole, l’écriture, le stylo, le chemin ont permis d’agir sous le commandement de la vue qui est ainsi devenue regard…  L’instrument de musique a donné de l’oreille à l’ouie… le feu a donné au goût le chef…. Avec ces outils je deviens acteur. Faire sortir de son intérieur, c’est s’engager dans l’action.

Faire sortir de soi demande également de la méthode. Il a donc fallu éduquer la manière que nous avons de rendre social ce qui sort du corps. L’intimité devient alors un stade intermédiaire entre ce qui sort et ce que je donne à voir selon plusieurs sas. C’est une éducation à la communication et au jeu que chacun joue, son rôle (E Goffman). On ne peut pas tout dire (comme les vérités qui ne sont pas bonne à dire à un moment donné) comme on ne peut pas regarder quelqu’un comme un sauvage (voir la vidéo de Cyrulnik sur identité et altérité). Ce qui sort du corps doit donc être enserré dans des normes sociales et de communication strictes.

Ces différents sas qui permettent à ce qui sort de devenir social, c’est à dire d’être entendu par le plus grand nombre sont de l’ordre de la distance. A quelle distance suis-je de telle personne pour lui dire ce que je luis dis ? Jusqu’à quel point je partage quelque chose avec quelqu’un ? L’intime est donc de l’ordre de la distance que j’ai avec des récepteurs choisis.  Ce qui me permet donc de tester ce qui sort de mon corps et de faire passer ce qui est intérieur vers ce qui est extérieur. L’intimité est donc une zone tampon et un bac à sable, le vestibule du jeu social. C’est notamment là où je partage le secret. Partager le secret, c’est avant tout sortir de soi et le partager à très peu d’éléments choisis.


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